C’est alors que la tête ébouriffée de Cétautimatok émergea de la foule, les moustaches en bataille, dominant les spectateur médusés de sa haute stature il commanda aux saltimbanques et aux acrobates de libérer les prisonniers. Clément Jouënne et ses acolytes abandonnés par leur escorte furent vite submergés; nul ne saurait dire plus tard parmi les hommes grimés et masqués du groupe des saltimbanques qui avaient bien pu débarrasser en un tournemain les condamnés de leurs chaînes, ni comment ceux-ci, avec l’aide de tout le bon peuple, avait pu  se disperser aussi librement dans la foule compacte et aussi vite. Seul, qui se démenait comme un beau diable, couvert de morsures en essayant de se décrocher  du vieux mâle de Krivoï et de ses deux femelles qui paraissaient s’acharner particulièrement sur lui, Crotoy écumait, encore plus enragé que les fauves qui tentaient de le déchiqueter.

La foule dans son ensemble ne s’était en rien opposée à ce que la fête initiale soit ainsi gâchée. Le spectacle avait été d’un  tout autre ordre. Aussi vite qu’ils étaient apparu, les loups avec Buba en arrière-garde, avaient assuré la fuite des prisonniers. Cétautimatok qui, faisant tournoyer une grosse massue, décourageait toute véllléité de  poursuite par les mercenaires de Bertrand: il avait laissé le lieutenant de Crotoy à demi-mort sur le carreau. Guidés par Buba, Galfand, Tola, Cello et Ipona, tous indemnes, le retrouvèrent peu de temps après,  là où le forgeron avait laissé Cavale, Brunpoil et les autres chevaux. Il ramenait Jacquouilles, le petit boîteux, juché sur ses épaules, mais sa blessure de la Lucerne s’était rouverte et il saignait abondamment.  Ils étaient juste à l’endroit hors des murs où le Vicomte se promettait de se débarrasser de leurs corps décapités, sur la décharge de toutes les ordures de la cité.

Il leur fallait fuir. Les loups eux avaient déjà disparu. Crotoy avait dû déjà réorganiser ses troupes. La chasse à l’homme allait recommencer !...   


À suivre ….