Tous mes bons clients
Sont morts en chantant
Et seul dans la vie
Je vais sans soucis
Aux coins des vieilles rues, le coeur content, le pied léger
Je danse la carmagnole, y a plus personne sur le pavé
Canons en solde!

 Le petit commerce  - Boris Vian -

Samedi 20 juin 2020

L’orgue de Barbarie

Après les chants d'église et les airs militaires

Plus près d`être pareils qu'on ne croit en effet,

Les uns vous pénétrant de délices austères.

Les autres, feu puissant, clair, pur, dans les artères,

Dès le premier soupir jusqu'au dernier chevet,

Après, dis-je, ces deux entières préférences,

Ce que j`aime parfois en fait de bruit humain

C’est l’instrument qu’un pauvre éveille sous sa main,

Bruit humain, fait de cris et de lentes souffrances

Dans Ie soleil couchant au loin d`un long chemin,

Rue ou route, emplissant la banlieue et la ville

De son chant toujours triste en dépit du morceau :

Est-ce espoir qui s'endort, est-ce révolte vile ?

Ah ! plutôt n'est-ce pas l`escorte qui défile

Des rêves, revenus de la tombe au berceau

Et qui vont du berceau retourner à la tombe,

Sans fin, sans lieu, soleil couchant jamais éteint,

Rue ou route qu'un horizon d'automne étreint,

Perpétuel, heure arrêtée, âme que plombe

Et surplombe un ennui qu’on ignore et qu'on craint

Paul Verlaine , A Octave Mírbeau.

Dimanche 21 juin 2020

H

Toutes les monstruosités violent les gestes atroces d'Hortense. Sa solitude est la mécanique érotique, sa lassitude, la dynamique amoureuse. Sous la surveillance d'une enfance, elle a été, à des époques nombreuses, l'ardente hygiène des races. Sa porte est ouverte à la misère. Là, la moralité des êtres actuels se décorpore en sa passion ou en son action. - O terrible frisson des amours novices sur le sol sanglant et par l'hydrogène clarteux ! trouvez Hortense.

Illuminations - Arthur Rimbaud -