Mardi 19 mai 2020


Harmonie du soir

Voici venir les temps où vibrant sur sa tige

Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ;

Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir ;

Valse mélancolique et langoureux vertige !


Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ;

Le violon frémit comme un coeur qu'on afflige ;

Valse mélancolique et langoureux vertige !

Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.


Le violon frémit comme un coeur qu'on afflige,

Un coeur tendre, qui hait le néant vaste et noir !

Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir ;

Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige.


Un coeur tendre, qui hait le néant vaste et noir,

Du passé lumineux recueille tout vestige !

Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige...

Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir


Charles Baudelaire (1821-1867) Recueil : Les fleurs du mal (1857).


Mercredi 20 mai 2020


La fin des bancs publics ...


Les amoureux qui s'bécotent sur les bancs publics

Bancs publics, bancs publics

En s'foutant pas mal du regard oblique des passants honnêtes

Les amoureux qui s'bécotent sur les bancs publics

Bancs publics, bancs publics

En s'disant des "je t'aime" pathétiques

Ont des p'tites gueules bien sympathiques